lundi 28 juillet 2008

Le chiffre de la semaine : 235

235 jours est le nouveau plafond du nombre de jours annuellement travaillés pour les salariés dits au "forfait jour", principalement des salariés "cadres" (qui n'ont rien d'encadrant d'ailleurs). Cela concerne 10% des salariés en France.

Hier, c'était 218 jours. Vous me direz, la différence n'est pas énorme... Mais regardons d'un peu plus près...

Concrètement, un plafond de 235 jours réduit drastiquement le nombre de RTT à... zéro (0 jour)). Il limite les jours de repos aux 5 semaines de congés payés (25 jours), mais aussi, soyons heureux, aux samedis (52) et aux dimanches (52).

Concernant les jours fériés, il faudra se coucher tôt le 24 décembre, le 31 décembre, et toutes les veilles des autres jours fériés (1 novembre, 11 novembre, 14 juillet, 15 août, etc.), car ils devraient être limités au seul et unique 1er mai. Chouette ! Pour ceux qui n'auraient pas compris : "Nombre total des jour férié = 1".

En définitive, l'application de la loi signifie 235 jours de travail + 25 jours de congé + 104 jours de week-end + 1 jour férié + 0 RTT = 365 jours dans l'année. Le compte est bon.
Attention : pour le développement du pouvoir d'achat, les jours travaillés « hors forfait » seront payés 10 % de plus. Il est à noter qu'une majoration de 25 % existe pour les heures supplémentaires, mais ça c'est pour les autres catégories de salariés (des nantis ceux là !).

Les cadres n'ont pas envie de travailler plus pour gagner plus. Seuls 10% d'entre eux déclarent souhaiter monétiser leurs RTT (ça fait quand même 1% de la population salariée).
Ca c'est la loi. Et dans les faits... Le temps de travail sera défini entreprise par entreprise. Tout dépendra donc du rapport de force à l'intérieur de chacune d'entre elle avec les partenaires sociaux. Ainsi, cette loi devrait relancer la représentation sociale des salariés (le risque de moins-disant social étant souvent inversement proportionnel à la force des syndicats).

Mais au final, et d'un point de vue plus général et sociétal, on devrait renforcer le caractère dual et duel d'un marché du travail déjà à deux vitesses :
- d'un côté les "IN" : salariés en CDI des grands groupes, bien formés et bien rémunérés, avec RTT et Compte épargne temps, petits services et gros CE.
- de l'autre les "OUT" : salariés précaires, en CDD ou en mission temporaire, des PME et sous-traitants, à 235 jours de travail et avec le 1er mai pour faire ce qu'il te plaît.

Avec une guerre des talents qui s'accentue, une pénurie de cadres qui s'amplifie (le taux de chômage chez les cadres est 3,8 %), les entreprises qui auront les moyens vont renforcer cette dichotomie en proposant des conditions de travail attrayantes, compétitives et concurrentielles. Ou comment faire du temps de travail un paramètre de segmentation des masses laborieuses.

En définitive, si nous avions problème d'emploi, quantitatif, qualitatif et temporel, cette loi ne me semble pas le régler ! Ce n'est pas en augmentant le travail effectué au cours d'une année qu'on augmentera celui effectué tout au long de la vie. Et je ne pense pas que l'emploi des jeunes et des seniors s'en sorte vraiment amélioré.